Sabot d’or 2023: Les nominé-e-s!

Qui mérite le Sabot d’or 2023 pour la plus grande entrave à l’information? Comme chaque année, le comité d’investigativ.ch a sélectionné les trois meilleurs candidats parmi vos nombreuses propositions.

  • Le deal secret autour de CS: la ministre des finances Karin Keller-Sutter
  • Le manque de transparence des prix: Migros
  • Le refus de prendre position: le directeur de la sécurité zurichois Mario Fehr

Tous les membres d’investigativ.ch peuvent voter. Ils ont reçu un courriel à cet effet.

Le deal secret autour de CS

Bien que la collectivité publique ait été garante à hauteur de 209 milliards de francs de Crédit Suisse au moment de son effondrement et de son rachat par UBS, l’accès aux informations pertinentes lui est refusé. Le Conseil fédéral – et en premier lieu la ministre des finances Karin Keller-Sutter, en charge du dossier – a agi sur la base d’une ordonnance d’urgence et estimé que de nombreux aspects du cas devaient rester confidentiels. Les informations concernant par exemple les aides en liquidités et les garanties de bonne fin sont tenues secrètes. Les journalistes se sont heurtés à des refus en série lorsqu’ils ont posé des questions sur la crise. Cette manière de procéder est inquiétante du point de vue de la politique nationale. Elle est d’autant plus incompréhensible que la loi sur la transparence aurait offert des mécanismes de protection suffisants, même dans cette situation exceptionnelle. Une telle politique du secret met en péril la confiance dans le gouvernement, surtout à une époque où la confiance joue un rôle essentiel. Dans cette crise, une transparence maximale aurait été nécessaire.

La réponse du DDF:

Le DFF renonce à prendre position et signale que les décisions critiquées par investigativ.ch ont été prises par l’ensemble du Conseil fédéral.

Nomination

Des prix pas transparents

Le service juridique du plus grand détaillant suisse a tenté d’empêcher la publication de ses marges sur les produits bio. Migros a ainsi entravé non seulement le travail des médias, mais aussi celui du Surveillant des prix Stefan Meierhans. En discréditant les publications des médias sur ses marges élevées, sans faire preuve de transparence pour démentir leurs propos. Et en retardant non seulement la publication du rapport du Surveillant des prix, mais en obtenant que ce dernier procède à de nombreux ajustements – avec des demandes allant bien au-delà du secret d’affaires.

La réponse de la Migros:

Nous avons été très transparents avec le Surveillant des prix et avons mis à sa disposition un grand nombre de données. Nous n’avons pas exercé de pression sur lui – nous n’avons d’ailleurs aucun moyen de le faire. Malgré une enquête approfondie, le Surveillant des prix n’a pas pu prouver dans son rapport que Migros facturait des marges plus élevées. Les marges bénéficiaires du commerce de détail, et donc aussi de Migros, sont extrêmement faibles. En 2022, celle du groupe Migros n’était que de 1,5%. Une grande partie du renchérissement a été supportée par Migros elle-même. De plus, Migros n’a aucun intérêt à réaliser un maximum de bénéfices: ainsi, nous ne versons pas de bonus et n’avons pas à satisfaire les investisseurs.

Nomination et prise de position détaillées

Des refus de prendre position

Mario Fehr, directeur de la sécurité du canton de Zurich, fait preuve d’arbitraire dans sa communication. Il investit beaucoup de temps dans des entretiens avec les médias et les encourage avec enthousiasme à rapporter les faits qui lui sont favorables. Il lui arrive même d’appeler de lui-même les rédactions pour s’assurer que les papiers en cours correspondent à ses attentes. Mais en cas de reportage déplaisant, il refuse totalement de prendre position et de fournir des informations. Les exemples documentés de refus d’informer sont nombreux: questions critiques sur le concordat sur les hooligans et sur l’annulation de la fête du Rosengarten, enquêtes sur les centres d’hébergement pour demandeurs d’asile à Lilienberg et sur la caserne de police de Zurich. La direction de la sécurité et son service de presse sont financés par l’argent des contribuables en tant que service public – s’ils réagissent avec hargne à des questions critiques, donnent des informations de manière arbitraire et cherchent à influencer les rédactions, ils agissent de manière antidémocratique et contraire au principe de la transparence.

La réponse de Mario Fehr: Mario Fehr n’a pas répondu.

Nomination